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île-de-France Grand Paris : ils s’opposent à la carrière

HeidelbergCement a obtenu, en juillet 2019, l’autorisation d’exploiter un nouveau gisement de calcaire dans le Vexin. Les agriculteurs veulent faire reculer l’industriel.

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«Autorisation d’exploiter ou pas, on espère les avoir à l’usure », explique Franck Emery, en Gaec avec ses deux frères à Brueil-en-Vexin (Yvelines). La nouvelle carrière d’HeidelbergCement (anciennement Calcia) sera creusée à proximité de l’exploitation familiale. « Nous n’avons que 2 hectares sur nos 70 dans la zone 109 (voir encadré), mais les risques de pollution de la nappe phréatique nous inquiètent », souligne l’éleveur. Deux cours d’eau, issus d’une résurgence de la nappe, traversent la ferme et alimentent trois étangs de pêche de loisirs.

« Le chantier d’aménagement paysager de la future zone d’extraction n’a pas démarré », remarque Julien Demarque, céréalier à Guitrancourt (Yvelines). Quarante-cinq hectares, sur les 120 qu’il cultive depuis 2003, appartiennent au cimentier allemand, soit 40 % de sa surface en bail précaire. Après les moissons 2020, 7 ha lui seront retirés pour compenser les pertes chez les agriculteurs victimes du nouveau gisement. à terme, il perdra 18 ha. « Depuis quinze ans, je ne peux prendre aucun engagement sur ces terres », soupire le céréalier, devenu double actif.

Une activité polluante

L’exploitation des calcaires de la vallée de la Seine pour approvisionner la cimenterie de Gargenville (Yvelines) a débuté dans les années 1920. L’actuel gisement de Guitrancourt sera exploité jusqu’en 2023. La délimitation d’une zone de captage d’eau potable, sur cette commune dans les années 2000, a contraint l’industriel à revoir ses projets et à déposer une demande d’exploitation d’un nouveau gisement sur des communes limitrophes : Sailly et Brueil-en-Vexin.

Grand Paris oblige, l’État et le président du conseil départemental ont soutenu le dossier, malgré l’opposition quasi générale des élus locaux, riverains et agriculteurs. L’association AVL3C, créée en 1995, dénonce des activités polluantes pour les nappes phréatiques, des erreurs dans les études menées par l’industriel, et le conflit d’intérêts lors de la dernière enquête publique. Le commissaire enquêteur aurait été salarié de Calcia pendant plus de vingt-cinq ans. « Nous irons jusqu’à la Cour de justice de l’UE s’il le faut », assure Dominique Pelegrin, la présidente. Des recours toutefois non suspensifs pour l’industriel. Pauline Bourdois

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